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Naturaliste du N.-B. en vedette : La première douzaine de recensements d’oiseaux de Noël au Nouveau-Brunswick – 1900 à 1956

De Donald MacPhail

LE 11 DÉCEMBRE 2024 – De nombreux Néo-Brunswickois·es savent que le jour de Noël 1900, William H. Moore, naturaliste, agriculteur, pourvoyeur de gros gibier et éducateur de Scotch Lake, dans le comté de York au Nouveau-Brunswick est devenu le premier compteur d’oiseaux de Noël du Canada.

Plus de 2 000 recensements d’oiseaux de Noël (RON) ont été effectués au Nouveau-Brunswick depuis 1900, mais William Moore n’a jamais effectué d’autres recensements, et moins d’une douzaine ont été effectués au cours des 50 années suivantes.

Voici la première douzaine :

1900 – Scotch Lake, comté de York

William Moore est sorti pendant une heure le jour de Noël avec une température de 32 degrés Fahrenheit et a rencontré le premier problème de données du RON ! Il a rapporté 36 oiseaux de 9 espèces, mais seulement 34 oiseaux de 8 espèces figurent dans le rapport publié par La société Audubon à New York.

1908 – Grand Manan

Une découverte récente (par moi ; David Christie semble l’avoir connue au moins en 1968) montre qu’un comptage a eu lieu à Grand Manan en 1908. Les résultats du recensement ont été publiés dans The Journal of the Maine Ornithological Society en mars 1909. Lorsqu’on l’a contactée récemment, la société était heureuse d’entendre de quelqu’un du Nouveau-Brunswick et a accepté sans hésitation de permettre que les résultats du comptage de 1908 à Grand Manan soient cités ici.

Les protocoles de recensement ont évolué au cours des premières années du RON et la procédure utilisée pour les comptages dans le Maine durant au moins cette année-là était différente de celle d’aujourd’hui, mais fonctionnait probablement très bien pour l’époque. Le Ford modèle T n’a commencé à être produit que cette année-là, donc la plupart des recensements ont été effectués à pied. Les participant·es devaient sortir tous les jours pendant la semaine de Noël et noter les espèces et le nombre d’oiseaux. Il s’agit probablement d’une bien meilleure façon d’évaluer les populations, étant donné que souvent, nous sortons tous le jour du comptage et nous remarquons qu’il y avait plus ou moins d’oiseaux de toutes sortes « il y a quelques jours ». Les oiseaux se déplacent.

Allan Moses a fait le compte de Grand Manan. Lui et son père, également nommé Allan, étaient des naturalistes bien connus à Grand Manan et ailleurs.

1924 – De St-Stephen à Deer Island

Publié dans The Canadian Field Naturalist, ce compte n’était pas non plus conforme aux protocoles d’aujourd’hui. Il s’agit essentiellement d’un rapport des observations faites par James Lord lors d’un voyage effectué le 24 décembre entre St-Stephen, où il vivait, et sa maison d’origine à Deer Island, puis de nouveau le 26 décembre. Le voyage s’est fait en « automobile motorisé et en bateau à moteur ».

On a pu observer un garrot d’Islande, quatre espèces de hiboux et 500 merles d’Amérique qui se nourrissaient sur les sorbiers et dans les algues le long de la plage.

1937 – Île de Kent

Près de Grand Manan, cette île a été étudiée par quatre étudiant·es du Bowdoin College dans le Maine, qui se sont rendues sur l’île par bateau de Lubec, Maine. L’île Kent avait été récemment acquise par la famille Rockefeller et donnée au Bowdoin College pour en faire une réserve ornithologique et un centre de recherche que le collège continue à gérer aujourd’hui.

De nombreux mergules nains ont été observés au cours de la promenade en bateau. Ils ont également noté 500 harelde kakawis, 46 bécasseaux violets et – ce qui est intéressant pour une petite île – 20 becs-croisés bifasciés et 8 mésanges à têtes brunes (appelées mésanges acadiennes à l’époque) ainsi que d’autres oiseaux terrestres.

1945 et 1946 – Saint John

Austin Squires, conservateur du Musée du Nouveau-Brunswick, a effectué des recensements autour du musée et les a rapportés au Canadian Field Naturalist. Les deux hivers, le mercure était sous le point de congélation avec de la neige au sol ; ce n’est pas souvent le cas aujourd’hui, 80 ans plus tard. Austin est resté dehors pendant deux heures et a signalé la présence d’une mouette blanche, de 12 durbecs des sapins et « environ une centaine de moineaux domestiques » en 1945. Il a également dénombré la première espèce de la période de dénombrement au Nouveau-Brunswick, un harfang des neiges, cinq jours après le jour du dénombrement. En 1946, Austin n’est sorti qu’une heure et demie – pas assez longtemps pour trouver une mésange à tête noire – gâchant ainsi la présence parfaite de cette espèce au cours des 70 années de recensements à Saint John.

Austin a également signalé seulement six bruants domestiques en 1946, après le centaine de l’année précédente. Saint John n’a signalé aucun oiseau de cette espèce en 2023 ; seulement 131 ont été signalés dans la province cette année-là.

1948 – Woodstock et Sackville

Les deux recensements de 1948 ont été effectués par Joan et George Boyer. Ils ont effectué le recensement de Woodstock le 26 décembre et celui de Sackville le jour de l’An 1949, et les ont tous deux rapportés au Canadian Field Naturalist.

À Woodstock, Joan et George ont marché 24 km ensemble et ont trouvé 15 espèces. Des garrots à œil d’or et des grands harles dans la rivière, des sizerins flammés, des becs-croisés bifasciés et 7 « mésanges à tête brune (acadiennes) » dans la forêt, ainsi que 553 étourneaux et 48 moineaux domestiques dans les environs de la ville.

À Sackville, ils ont signalé 20 espèces, dont 15 corbeaux et aucune corneille, 16 mésanges à tête brune (acadiennes), plus de 500 étourneaux et 48 moineaux domestiques. Ils ont également rapporté que 79 plectrophanes lapons et 125 plectrophanes des neiges avaient été vus le 22 décembre avant leur départ pour Woodstock.

George est né à Woodstock en 1919. Un an après avoir obtenu un degré en sciences à l’Université du Nouveau-Brunswick, il travaillait sur un projet de reboisement dans la province. L’année suivante, il était en Europe dans une batterie antiaérienne. Joan était originaire d’Angleterre et c’est là qu’ils se sont mariés. Après la guerre et un peu plus de temps passé à l’université, George travaillait comme biologiste de la faune au Service canadien de la faune à Sackville, où il a étudié le canard pilet. George meurt soudainement en 1960 alors qu’il travaillait sur la bernache du Canada autour de la baie James, juste après avoir été nommé responsable de la recherche dans l’est du Canada.

1949 – Memramcook

Reid McManus a rapporté un recensement de la région de Memramcook directement à Audubon en 1949. J’ai demandé à Yolande LeBlanc, la compilatrice actuelle de Memramcook, si elle savait quelque chose au sujet de Reid. Voici sa réponse :

« Né en 1913, Reid McManus était un homme discret et doux, au comportement calme, qui aimait les oiseaux. Il se promenait dans le marais de Memramcook avec ses jumelles. Nous nous demandions tous ce qu’il regardait, alors nous avons commencé à regarder ce qu’il regardait, et nous sommes devenus des ornithologues de la même façon. Il partait en excursion à Dorchester Cape pour voir les bécasseaux. Il a même aidé à attraper et à marquer certains de ces oiseaux. Il participait aux recensements d’oiseaux et prenait des notes détaillées de ses observations. L’observation des oiseaux est devenue sa vocation à plein temps pendant sa retraite. Reid est décédé en 2005.

Lorsque la municipalité a mis un ancien bassin d’épuration hors de service, une réserve a été créée et nommée en l’honneur de Reid. »

Tout le monde n’apprécierait pas qu’une lagune d’épuration porte son nom, mais les ornithologues, eux, l’apprécieraient !

1952 – Fredericton

Le recensement des oiseaux de Noël commençait à se faire plus souvent au Nouveau-Brunswick et en 1952, le club de biologie de l’Université du Nouveau-Brunswick a entrepris un recensement. Ils ont bien couvert la région – 12 observateurs et observatrices répartis en 4 groupes ont totalisé 30 heures d’observation. Et ils ont fait quelque chose que nous ne faisons pas aujourd’hui ; ils ont passé trois fois plus d’heures à pied (24) qu’en voiture (8).

Les observations comprenaient un busard Saint-Martin, 11 gélinottes huppées, 20 corbeaux contre 3 corneilles, 11 mésanges à tête noire contre 2 mésanges à tête brune, 42 moineaux domestiques mais seulement 7 étourneaux et cinq espèces de « roselins d’hiver » – le gros-bec errant, le roselin pourpré, le sizerin flammé, le tarin des pins et le bec-croisé bifascié – mais aucun chardonneret jaune.

1956 – Fredericton

1956 est la dernière année où il n’y a eu qu’un seul RON au Nouveau-Brunswick. Austin Squires a lancé un appel aux naturalistes par l’entremise de Nature News, une publication du Musée du Nouveau-Brunswick, pour qu’ils entreprennent des recensements d’oiseaux dans leur région. Austin s’est rendu chez lui à Fredericton, a participé au recensement et a ensuite publié les résultats dans Nature News. Ce processus de publication des résultats provinciaux du RON dans une publication néo-brunswickoise se poursuit aujourd’hui avec le Naturaliste du N.-B. de Nature NB.

1956 – Saint John

D’accord, c’est un peu exagéré, mais jusqu’à ce qu’un autre ancien compte soit découvert, c’était la seule façon pour moi d’arriver à une douzaine. Et c’est en quelque sorte un recensement. Comme nous l’avons mentionné plus haut, Austin Squires a tenté de déclencher des recensements dans toute la province et, à Saint John, il a choisi une date et invité les gens à se réunir sur les marches du Musée du Nouveau-Brunswick pour aller compter les oiseaux. Il y avait donc une date, un lieu, un compilateur – mais personne ne s’est présenté. Il n’y a donc pas eu d’observateurs ou observatrices et la seule donnée recueillie a été « zéro observateur ».

Les 50 prochaines années et plus

L’idée d’Austin a gagné en popularité et l’année suivante, en 1957, il y a eu des recensements à Fredericton, Moncton et Saint John. Au Nouveau-Brunswick, le RON s’est rapidement étendu à 20 zones de comptage couvrant l’île Miscou à Grand Manan, d’Edmundston à Sackville. Dans les années 80s et 90s, le RON s’est développé pour atteindre 45 à 50 comptages, comme c’est le cas aujourd’hui.

Même si les données des 50 premières années du Recensement des oiseaux de Noël au Nouveau-Brunswick sont rares et peu fréquentes, et que peu de gens les ont observées, dans plusieurs cas il s’agit de toutes les données disponibles. Et ces quelques données indiquent aux recenseurs d’aujourd’hui que certaines espèces que nous voyons rarement aujourd’hui étaient souvent observées il y a quelques années – et que certaines espèces que nous voyons maintenant à chaque recensement n’étaient pas du tout observées il y a seulement quelques décennies.

Les oiseaux changent avec le temps et les données d’il y a plus d’un demi-siècle sont difficiles à trouver. Les résultats complets de chacun des plus de deux mille recensements d’oiseaux de Noël au Nouveau-Brunswick sont disponibles sur le site Web de Nature NB.

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