À la poursuite de la Bernache cravant : un voyage dans l’estuaire de Tabusintac

À la fin du mois de mai, des membres de l’équipe de Nature NB se sont rendus dans la Péninsule acadienne pour visiter la lagune et l’estuaire de la rivière Tabusintac à la recherche de la célèbre Bernache cravant de l’Atlantique. Dans cette édition de Carnet de terrain NB, joignez-vous à Lauren et Emilie qui racontent leur expérience!

Le 13 mai, Nelson Poirier a pris cette photo de deux Bernaches cravants. Notre équipe n’a pas eu cette chance… Photo : Nelson Poirier

La bernache cravant de l’Atlantique est une petite oie distincte avec une tête noire, un collier blanc, un corps brun et le dessous de la queue blanc. La bernache cravant passe une partie de l’année dans l’Arctique pour nicher et se reproduire, puis migre vers le sud pour l’hiver, s’arrêtant dans les baies, les estuaires et les lagunes en cours de route pour se réapprovisionner en nourriture en mangeant de la zostère et des carex. Le Canada atlantique, et en particulier l’estuaire de Tabusintac, a une grande abondance d’herbiers de zostères qui sont essentiels à la survie de nombreuses espèces aquatiques. C’est pourquoi il est désigné comme zone humide RAMSAR d’importance internationale pour la biodiversité. En raison de l’importance de cet estuaire et du manque de connaissances sur les atouts naturels de la région, Nature NB s’est joint à un expert local, Billie-Joe Fowler, de la Tabusintac Watershed Association, pour nous montrer les meilleurs sites d’observation d’oiseaux autour de la ville afin de repérer les bernaches cravants de l’Atlantique pendant leur migration vers le nord et de documenter leur abondance.

La semaine précédant notre arrivée à Tabusintac, le temps était parfaitement printanier, ensoleillé, avec une température d’environ 15 °C, une légère brise et des marées basses. Nous espérions voir des bernaches cravants, car Billie-Joe en avait vu quelques centaines cette semaine-là près de la dune de Tabusintac. Lorsque nous sommes arrivés la semaine suivante, il faisait environ 8 °C, le ciel était nuageux, les marées étaient hautes et une brise venteuse faisait bruisser les branches des arbres, mais cela ne nous a pas empêchés de partir à la recherche de bernaches cravants de l’Atlantique.

Nous sommes partis à l’aventure vers 10 heures du matin à Wishart Point Rd, un lieu de promenade et d’observation des oiseaux très populaire des habitants de la région. Nous y avons vu une grande diversité d’oiseaux aquatiques, notamment des goélands, des canards d’Amérique, des canards noirs, des sarcelles à ailes bleues, des harles huppés, des petits Chevaliers, des cormorans à aigrettes et des bernaches. La plupart de ces oiseaux se reposaient dans l’eau à marée haute, certains se nourrissant et plongeant occasionnellement. Bien que nous n’ayons pas vu de bernaches cravants ce jour-là, cet endroit semble être un lieu de repos important pour de nombreuses espèces.

Ensuite, nous nous sommes dirigés vers le quai de Tabusintac où nous avons été accueillis par le chien du quai qui nous a fait visiter les lieux. C’était un site très animé pour les pêcheurs, qui entraient et sortaient du quai après leurs sorties de pêche matinales, mais l’abondance d’oiseaux était beaucoup plus faible, peut-être à cause de toute cette agitation. Nous avons cependant vu une sterne pierregarin se nourrir tout près du rivage, ainsi que plusieurs goélands et cormorans à aigrettes qui se nourrissaient près de la dune.

Après notre visite du quai, nous nous sommes dirigés vers Neguac, en empruntant la route Malpec pour avoir une meilleure vue sur la dune de Neguac, qui semble être un lieu d’alimentation populaire pour de nombreux oiseaux marins. En chemin, nous sommes passés par la marina de Tabusintac où nous avons aperçu un grand Héron et de nombreux cormorans se reposant sur des rochers. C’était la même histoire sur ce site au bas de la route Malpec, avec seulement quelques cormorans à aigrettes et des goélands en vue. À ce stade, nous pensions que les bernaches cravants nous évitaient! Nous avons terminé la journée après une visite guidée et historique de la ville, et nous avons recommencé le lendemain sur les mêmes sites, en y ajoutant quelques autres.

Le lendemain, le temps était similaire à la journée précédente, nuageux, venteux et marées hautes. La plupart des oiseaux que nous avons vus se reposaient, attendant probablement un temps plus clément ou des marées plus basses pour se nourrir. Nous avons visité quelques sites supplémentaires ce jour-là, notamment la fin du chemin Robertson Brook, près de Brantville et du terrain de pow-wow d’Esgenoôpetitj. Comme son nom l’indique, Brantville est un point chaud pour trouver des bernaches cravants (“brant” en anglais) le long de leur route migratoire, se nourrissant de zostères, donc nous espérions en trouver le deuxième jour. Malheureusement, à notre arrivée, il n’y avait pas de bernaches cravants, mais un pyygargue à tête blanche nous a offert un spectacle, planant autour de la cime des arbres et se posant finalement sur son nid dans la limite des arbres. Sur ce site, nous avons également vu des sittelle à poitrine rousse, des oies, des goélands et des cormorans à aigrettes. Nous avons alors émis l’hypothèse que les bernaches cravants étaient une espèce très sensible, qui ne sortaient pour se nourrir que lorsque les conditions météorologiques étaient optimales et que les marées étaient basses, afin qu’elles puissent atteindre les zostères.

Notre avant-dernier arrêt s’est fait au terrain de pow-wow d’Esgenoôpetitj, qui offre une vue imprenable, à presque 360°, sur la baie. L’eau était un peu agitée, éclaboussant les rochers sur le rivage. De même, nous n’avons pas vu beaucoup plus que des goélands et des cormorans volant au-dessus de nos têtes. Notre dernier arrêt de la journée a eu lieu au cimetière de Tabusintac, où Billie-Joe nous a montré le rivage vivant qui avait été installé l’année précédente pour réduire l’érosion côtière, et il a très bien résisté à l’hiver. À cet endroit, nous avons vu un couple de petits Garrots et des harles huppés, mais malheureusement pas de bernaches cravants.

Le lendemain, nous avons dû rentrer à la maison, mais nous avons vérifié une fois de plus la présence de bernaches cravants avant de partir, mais sans succès. La semaine suivant notre départ, le temps était plus chaud, ensoleillé et les marées basses, et devinez qui a décidé de faire son apparition… plus de 2000 bernaches cravants! Cette information nous a permis de conclure que les bernaches cravants sont très sensibles et qu’elles ne se nourrissent plus près du rivage que lorsque les conditions météorologiques sont optimales (ou qu’elles se cachent de nous). Bien que notre recherche de bernaches cravants ait échoué lors de notre voyage à Tabusintac, nous avons appris des informations précieuses sur l’estuaire qui sert de lieu d’alimentation et de nidification à une grande diversité d’oiseaux aquatiques et nous avons conclu que même si les bernaches cravants ne sont pas observées à un moment donné, cela ne signifie pas que cette baie n’est pas un site d’escale important pendant leur migration.

Ce voyage a mis en évidence la nécessité de poursuivre la surveillance continue et à long terme de la bernache cravant de l’Atlantique et d’autres oiseaux aquatiques afin de bien saisir la diversité et l’abondance des ressources naturelles de cet estuaire qui doivent être protégées. Nature NB est très reconnaissant à Billie-Joe de nous avoir fait visiter Tabusintac et d’avoir pu pratiquer ensemble nos compétences d’identification des oiseaux afin d’accroître le partage des connaissances et la sensibilisation dans la région. Espérons que la prochaine fois que nous viendrons, le temps sera plus clément!

Si vous souhaitez participer aux efforts de recensement des oiseaux dans la région de Tabusintac ou ailleurs dans la province, veuillez contacter info@naturenb.ca.

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