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Un été avec les insectivores aériens

Cet été, alors que je prenais une pause de ce blogue et que je travaillais sur une saison bien remplie, j’ai eu la chance de rencontrer quelques mangeurs d’insectes très intéressants. Grâce aux programmes de recensement d’Oiseaux Canada, j’ai pu contribuer de façon significative aux efforts de conservation de ces espèces, même si le relevé que j’ai effectué moi-même s’est terminé par un total de zéro observations. Poursuivez votre lecture pour en savoir plus sur mes aventures ( triées par relevé ) et sur ce que vous pouvez faire pour aider !

Samuel LeGresley, coordinateur des communications

La migration des oiseaux a toujours été un mystère pour moi. Aller jusqu’au Brésil, puis revenir au Canada, faire des allers-retours, en ne comptant que sur ses réserves de sucre, de protéines et de graisse, quel exploit !

Les insectivores aériens sont un groupe d’oiseaux spécialisés dans la capture en vol d’insectes ailés, d’où leur nom. Ce groupe comprend les martinets, les hirondelles, les engoulevents et les moucherolles. Ces oiseaux remarquables jouent un rôle crucial dans nos écosystèmes en aidant à contrôler les populations d’insectes. Ils sont connus pour leur agilité en vol, leur bouche large spécialement adaptée et, dans certains cas, les poils qui entourent leur bec pour les aider à attraper les insectes en plein vol. Malheureusement, de nombreuses espèces d’insectivores aériens connaissent un déclin important de leur population, ce qui fait d’eux l’objet de nombreux efforts de conservation. Leur sensibilité aux changements dans les populations d’insectes et les habitats en fait des indicateurs importants de l’écosystème global.

Pour bien comprendre la situation, j’ai visité trois endroits distincts et j’ai discuté avec quatre experts d’Oiseaux Canada :

  • Allison MacKay, planificatrice en conservation (axée sur les relevés d’hirondelles de rivage)
  • Rielle Hoeg, biologiste de la région de l’Atlantique (axée sur les relevés du martinet ramoneur)
  • Allison Manthorne, directrice associée, Programmes de l’Atlantique et stratège de la conservation des insectivores aériens
  • Andrew Coughlan, directeur associé, Québec et Atlantique (se concentre sur les relevés d’engoulevent).

Chaque espèce, qu’il s’agisse du martinet ramoneur, de l’hirondelle de rivage ou de l’engoulevent, présente des défis et des comportements qui lui sont propres et qui éclairent la question plus générale de la conservation des oiseaux.

DÉBUT JUIN – Les martinets au Festival de la nature

Lors du Festival de la nature du 7 juin 2024, nous nous sommes rendus à un dortoir de martinet ramoneur dans une ancienne école de Woodstock, au Nouveau-Brunswick, après une activité où nous avons appris à connaître l’espèce. Rares au Nouveau-Brunswick, ces dortoirs sont très importants pour ces oiseaux. Contrairement aux nids, qui peuvent n’abriter que quelques individus, ces sites plus grands peuvent accueillir des centaines (peut-être même un millier !) de ces oiseaux en même temps.

Les martinets ramoneurs étaient beaucoup trop petits pour la photo, mais voici à quoi peut ressembler un perchoir de martinets.

C’était tellement fascinant de voir les martinets ramoneurs voler dans la cheminée ! Une fois que l’un d’entre eux est entré, presque tous les autres suivent la tendance et entrent à leur tour. Cela m’a rappelé les murmurations observées chez d’autres oiseaux, lorsqu’ils convergent tous dans la même direction, comme le phénomène observé chez les étourneaux européens et les oiseaux de rivage qui visitent les côtes de Fundy au mois d’août.

Rielle Hoeg affirme que la participation à ces enquêtes est bonne. « Je dirais que nous avons connu une baisse importante lorsque la pandémie a frappé et que nous avons eu du mal à faire remonter la participation des bénévoles, mais je pense que nous commençons à voir un nouvel essor. Cette année, par exemple, j’ai reçu de très bonnes réponses de la part des gens et de nouvelles personnes qui venaient me dire qu’elles voulaient enquêter sur les martinets ramoneurs.

Les enquêtes comme celle-ci, qui ne recensent qu’une seule espèce, sont également plus accessibles qu’un comptage traditionnel multi-espèces.

« Je pense que c’est différent. C’est bien de faire ces grandes enquêtes, bien sûr, mais cela nous donne des informations plus spécifiques sur les espèces pour lesquelles nous avons vraiment besoin de beaucoup d’informations », a indiqué Mme Hoeg.

Le programme Swiftwatch est un programme auquel vous pouvez participer si vous avez un perchoir ou un nid à proximité. Les perchoirs sont plus rares que les nids, mais ils accueillent beaucoup plus d’individus car ils se reposent ensemble dans les grandes cheminées.

DÉBUT JUILLET – Une pinte, pas de « Piînt », mais toute une semaine !

En juillet, nous avons organisé une activité intitulée Nighthawks and Nightcaps avec Andrew Coughlan de Birds Canada.

Les engoulevents sont une famille (Caprimulgidae) qui compte 95 espèces, dont deux sont présentes au Nouveau-Brunswick. On les appelle ainsi en raison de leurs cris nocturnes bruyants et mécaniques, mais on les appelle aussi « crapauds volants » en français en raison de leur large bouche qui ressemble à celle d’une grenouille. Ils sont connus pour leurs habitudes nocturnes et leur plumage cryptique, et ils aiment une diversité d’habitats forestiers, depuis les bois ouverts et les lisières de forêt, jusqu’aux clairières et même aux zones urbaines avec une végétation appropriée.

L’activité devait comprendre une présentation à Maybee Brewing Co. suivie d’une enquête, mais la partie extérieure a été annulée en raison de fortes pluies.

Malgré tout, c’était un plaisir de discuter avec d’autres passionnés de la faune de Fredericton et d’en apprendre davantage sur ces oiseaux spéciaux, même si la soirée n’a comporté que des pintes et aucun « piînt », le cri distinct émis par les engoulevents.

Déterminé à voir des engoulevents après la pluie, je me suis rendu sur les petites routes du sud du comté de Kent pour en faire l’inventaire. Mon chemin avait été tracé à l’avance et m’a fait passer par des chemins de terre au début. J’avais ma Honda Civic, mais je ne recommanderais pas une petite voiture pour un relevé d’oiseaux sur un chemin de terre. J’étais accompagné d’un ami qui m’aidait à faire le relevé pendant que je conduisais. Nous sommes partis du sud pour aller vers le nord et nous sommes tombés sur une grosse flaque de boue à mi-parcours. Cela signifie que nous n’avons pu atteindre que sept des douze points de la carte.

Parmi les observations intéressantes, citons le son de plusieurs sortes de parulines, un pluvier kildir (oui, nous étions au milieu des bois, mais c’est une sorte de pluvier côtier qui niche très souvent à l’intérieur des terres), et ce qui était probablement une bécasse en vol, que je n’ai pas vraiment entendue, mais dont je pouvais distinguer le long bec et le corps rond.

En revanche, nous n’avons pas entendu d’engoulevent d’Amérique, ni d’engoulevent bois-pourri, ce dernier étant très évident lorsqu’on l’entend.

Malgré l’absence d’observations, l’expérience a souligné l’importance de la patience et de la persévérance dans le travail de conservation. Comme l’a indiqué un expert d’Oiseaux Canada, « les engoulevents sont une bonne espèce indicatrice parce qu’ils dépendent d’un écosystème sain avec beaucoup d’insectes. Leur déclin est un signal que quelque chose ne va pas dans notre environnement ».

Coughlan précise que même si je n’ai pas entendu un seul engoulevent, « les zéros sont très, très utiles, car ils nous aident à déterminer la répartition des populations locales ». Ne vous découragez donc pas si vous n’entendez pas votre engoulevent.

Nous avons cependant pris beaucoup de plaisir à écouter la nature pendant six minutes à la fois, et je recommencerais si j’avais un véhicule plus grand. Pour l’instant, je m’en tiendrai à des relevés sur des routes pavées avec ma Honda.

FIN JUILLET – Les hirondelles de rivage

À la fin juillet, je me suis rendu à Cap-Acadie pour visiter l’une des plus importantes colonies d’hirondelles de rivage. Le groupe de bassin versant Vision H2O contribue à l’entrée de données dans la base de données NatureCounts, et j’ai pu les accompagner.

Je ne me suis pas approché plus que nécessaire de la colonie, afin de ne pas perturber leur alimentation et leur reproduction. J’ai eu l’occasion de prendre cette vidéo à distance, à l’aide d’une longue-vue et de mon téléphone portable.

Les hirondelles de rivage, qui nichent dans les berges et les falaises en érosion, sont une autre espèce qui met en évidence l’interconnexion des écosystèmes. Les hirondelles de rivage ont besoin d’un type d’habitat spécifique – des rivages en érosion et des sols friables – pour creuser leurs nids. Mais avec l’augmentation du développement du littoral et l’accélération de l’érosion naturelle, ces habitats disparaissent. Cette visite m’a fait prendre conscience de la sensibilité de ces oiseaux aux changements de leur environnement et de l’importance de protéger ces zones naturelles.

En ce qui concerne les hirondelles de rivage, nous ne connaissons même pas l’étendue totale des colonies au Nouveau-Brunswick. Allison MacKay nous rappelle que nous pouvons aviser directement Oiseaux Canada si nous apercevons une colonie. «Il suffit de dire “Bonjour, il y a une colonie d’hirondelles de rivage près de chez moi! ” . L’information est très utile, car nous pouvons alors demander à un technicien de se rendre sur place et de faire le relevé.»

L’importance de l’habitat pour une alimentation variée et un bon habitat

Comme je l’ai mentionné dans un blog précédent, je ne suis pas du tout un ornithologue. J’aime observer les oiseaux, ce qui fait de moi un observateur, mais je m’intéresse avant tout aux plantes.

Cela dit, j’ai passé un excellent été à observer ces fascinantes créatures migratrices.

Je pensais au départ que la chaleur et les moustiques étaient les facteurs qui attiraient les insectivores aériens vers le nord. Il s’avère que c’est bien plus que cela. Leur régime alimentaire est composé de toute une série d’insectes, car beaucoup d’entre eux mangent tout ce qu’ils peuvent engloutir.

Comme le fait remarquer M. Coughlan, « il est important de noter qu’il s’agit pour l’essentiel de migrateurs longue distance. Ils ont besoin de ce que nous pouvons faire [pour] leurs aires de reproduction, mais ils ont aussi besoin d’un habitat sûr et sécurisé pendant la migration et dans leurs aires d’hivernage. Ce sont des espèces qui utilisent de nombreux endroits différents au cours de l’année, et ce réseau d’habitats doit vraiment être maintenu intact ».

La conservation des insectivores dans son ensemble

Le voyage de cet été dans le monde des insectivores aériens nous a ouvert les yeux. Qu’il s’agisse du spectacle hypnotique des martinets ramoneurs plongeant dans leur perchoir, de l’anticipation tranquille de l’écoute des « peents » des engoulevents dans l’obscurité ou de l’observation d’une colonie animée d’hirondelles de rivage, chaque expérience a approfondi mon appréciation de ces oiseaux remarquables.

Mais plus encore, elle a mis en lumière le rôle essentiel que jouent ces espèces en tant qu’indicateurs de la santé de notre environnement. Comme l’a dit Allison Manthorne de Birds Canada, « on ne peut pas protéger ce que l’on ne connaît pas ». En participant à ces enquêtes, même lorsque je n’entendais rien d’autre que le silence, je contribuais à enrichir les connaissances qui permettent de protéger ces espèces et leurs habitats.

Les défis auxquels sont confrontés les insectivores aériens sont complexes et vont de la perte d’habitat au changement climatique. Mais comme me l’ont appris les experts d’Oiseaux Canada, il existe de nombreuses façons de les aider :

  • Participez aux relevés d’oiseaux, même si vous êtes un débutant.
  • Contribuer à la préservation des habitats, y compris les vieilles cheminées, les forêts et les berges érodées.
  • Créez des jardins de plantes indigènes pour soutenir les populations d’insectes.
  • Partager l’information sur ces espèces avec d’autres personnes
  • Faire des dons aux organismes (comme Nature NB et Oiseaux Canada) qui effectuent ce travail.

Cet été m’a appris que la conservation n’est pas seulement une question de grands gestes, mais aussi de petits efforts constants. Qu’il s’agisse de passer une soirée à compter les martinets ou de laisser une parcelle de votre jardin à l’état sauvage, chaque geste compte.

J’ai peut-être commencé ce voyage en tant qu’observateur occasionnel, mais je le termine avec un engagement plus profond envers ces fascinants acrobates aériens et les écosystèmes qu’ils habitent. J’espère que vous vous joindrez à moi pour garder un œil (et une oreille) sur ces oiseaux remarquables et pour faire ce que nous pouvons pour qu’ils continuent à embellir notre ciel d’été pour les générations à venir.

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