Coup de projecteur sur Andrena, les abeilles minières

Ce blogue invité fait partie d’une série d’articles rédigés par des étudiants de l’Université Mount Allison, dans le cadre d’un partenariat entre Nature NB et le cours sur la conservation appliquée des plantes indigènes et des pollinisateurs. Merci à la Dre Emily Austen et aux étudiants pour cette collaboration continue!

Par Jada Ripley (jaripley@mta.ca), étudiante à l’Université Mount Allison

Si vous avez déjà pris le temps d’observer les premières fleurs sauvages qui fleurissent autour de votre maison au début du printemps, vous avez sans doute remarqué des abeilles sauvages ressemblant à des bourdons. Mais ces abeilles sont beaucoup trop mince, et souvent trop petites pour être des bourdons. Il s’agissait probablement d’abeilles minières.

Au Nouveau-Brunswick, on compte environ 51 espèces d’abeilles minières¹. Certaines sont impossibles à distinguer à l’œil nu, tandis que d’autres sont très uniques2. Les abeilles minières sont plus petites que les abeilles à miel, mesurant entre moins d’un centimètre et un centimètre et demi1,2. Elles transportent le pollen dans les poils de leurs pattes arrière — appelés scopae — qui peuvent être de couleur beige, rouge orangé ou noire, comme les poils du reste de leur corps1,3.

Les abeilles minières sont solitaires4. Contrairement aux abeilles à miel, elles construisent donc leur propre nid où elles vivent et élèvent seules leurs petits. Ces nids sont construits dans le sol, d’où leur nom d’abeilles minières. Les nids se trouvent généralement sur un sol plat recouvert de végétation comme des arbres, de l’herbe ou des haies4,5. Cependant, de nombreuses abeilles minières construisent aussi leurs nids sur un sol nu4,5.

Lydia Fravel, 2022. CC-BY 2.0

On peut observer les abeilles minières tout au long des saisons chaudes, mais elles sont surtout visibles au début du printemps ou à la fin de l’été2,6,7. Cela s’explique en partie par le fait que de nombreuses espèces sont spécialistes : elles ne visitent qu’un seul type de fleur pour récolter leur pollen?. Les abeilles minières spécialisées peuvent visiter des fleurs au début du printemps, comme les saules et les bleuets, ou à la fin de l’été, comme les verges d’or et les asters7,8. D’autres abeilles minières sont généralistes et visitent une grande variété de fleurs8. En raison de leur grande abondance et de leurs différentes spécialités florales2, les abeilles minières sont des pollinisatrices essentielles au Nouveau-Brunswick. Elles contribuent aussi à la pollinisation de nombreuses cultures commerciales, notamment les canneberges, les bleuets à feuilles étroites et les pommes7,8,9.

Les abeilles minières sont confrontées à des menaces similaires que les autres abeilles sauvages9,10,11. Elles sont à risque face aux pesticides, à la perte d’habitat, à la compétition avec les abeilles non indigènes, et à la diminution des ressources florals pour se nourrir9,10. Étant donné que les pesticides sont souvent appliqués au début du printemps, lorsque de nombreuses abeilles minières émergent, elles peuvent être plus exposées que d’autres espèces d’abeilles sauvages qui émergent plus tard9. Elles peuvent aussi être exposées aux résidus de pesticides présents sur les fleurs qu’elles visitent ou dans le sol où elles construisent leur nid10.

Certaines espèces d’abeilles minières sont plus menacées que d’autres11. Les espèces spécialistes sont plus menacées que les généralistes11. Comme les spécialistes dépendent d’une plante particulière, si celle-ci disparaît dans une région, elles disparaîtront également11. Même lorsque les spécialistes dépendent d’une plante commune, elles peuvent tout de même être plus menacées, car elles ont souvent besoin d’environnements spécifiques à risque, comme les zones humides11.

Bernie Paquette, 2022. CC-BY 4.0

Si vous souhaitez aider les abeilles minières dans votre communauté et autour de votre maison, voici quelques mesures que vous pouvez prendre. Plantez des fleurs indigènes comme la verge d’or dans votre jardin, ou laissez une partie de votre jardin pousser naturellement sans désherbage10. Envisagez de planter un arbre ou un arbuste qui attire les abeilles minières, comme un saule, une aubépine ou un cornouiller7,10,11. Laissez des zones de terre nue dans votre parterre ou votre pelouse afin que les abeilles minières aient un endroit où construire leurs nids10. Évitez d’utiliser des pesticides, ou limitez-en l’usage autant que possible9,10. Réfléchissez bien aux avantages et aux inconvénients avant de démarrer une colonie d’abeilles à miel, car cela peut créer une concurrence pour les abeilles indigènes10.

1 Ascher, J. S. & Pickering, J. (2020). Discover Life bee species guide and world checklist (Hymenoptera: Apoidea: Anthophila). 
http://www.discoverlife.org/mp/20q?guide=Apoidea_species 

2 Vermont Atlas of Life. (2021). Mining Bees (Genus Andrena). https://val.vtecostudies.org/projects/vtbees/andrena/ 

3 Fravel, L. (2022). Mining Bee (Andrena sp.) U.S. National Arboretum, Washington DC [photo]. Flickr. https://flic.kr/p/2nbvYFn 

4 Manher, S., Manco, F. & Ings, T. C. (2019). Using citizen science to examine the nesting ecology of ground-nesting bees. Ecosphere, 10(10), https://doi.org/10.1002/ecs2.2911 

5 Tsiolis, K.?(2023)?Nesting preferences of ground-nesting bees in commercial fruit orchards.?PhD thesis, University of Reading. https://doi.org/10.48683/1926.00113763 

6 Herrera, C.M., Núñez, A., Aguado, L.O. & Alonso, C. (2023). Seasonality of pollinators in montane habitats: Cool-blooded bees for early-blooming plants. Ecological Monographs, 93(2), https://doi.org/10.1002/ecm.1570 

7 Fowler, J. (2016).?Specialist Bees of the Northeast: Host Plants and Habitat Conservation.?Northeastern Naturalist,?23(2), 305-320, https://doi.org/10.1656/045.023.0210 

8 Moisan-Deserres, J., Girard, M., Chagnon, M. & Fournier, V. (2014). Pollen Loads and Specificity of Native Pollinators of Lowbush Blueberry,?Journal of Economic Entomology, 107(3), 1156–1162,?https://doi.org/10.1603/EC13229 

9 Rondeau, S., Chan, S.W. & Pindar, A. (2022). Identifying wild bee visitors of major crops in North America with notes on potential threats from agricultural practices. Frontiers in Sustainable Food Systems, 6. https://doi.org/10.3389/fsufs.2022.943237 

10 Baldock, K.C.R. (2020). Opportunities and threats for pollinator conservation in global towns and cities. Current Opinion in Insect Science, 38, 63-71, https://doi.org/10.1016/j.cois.2020.01.006 

11 Bogusch, P., Bláhová, E. & Horák, J. (2020). Pollen specialists are more endangered than non-specialised bees even though they collect pollen on flowers of non-endangered plants. Arthropod-Plant Interactions 14, 759–769. https://doi.org/10.1007/s11829-020-09789-y

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