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Gulf of St. Lawrence Aster
l’aster du golfe Saint-Laurent (Symphyotrichum laurentianum)

Le Nouveau-Brunswick abrite de nombreuses espèces en péril, dont plusieurs plantes côtières en péril. L’une de ces plantes est l’aster du golfe Saint-Laurent (Symphyotrichum laurentianum). Cette plante ne se trouve que dans la partie sud du golfe du Saint-Laurent. Présentement, l’espèce figure sur la liste des espèces menacées du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), en raison d’un déclin important de la taille de la population.

David Mazerolle est un scientifique des écosystèmes à Parcs Canada et aussi un membre du Club de botanique du Nouveau-Brunswick (NB Botany Club). Nous lui avons posé quelques questions sur l’aster du golfe Saint-Laurent et sur son expérience de travail avec les plantes. Voici ce que David avait à dire:

1. Qu’est-ce que l’aster du golfe Saint-Laurent?

L’aster du golfe Saint-Laurent est une petite plante annuelle aux feuilles fines et charnues. Elle fait partie de la famille des asters, qui comprend de nombreuses espèces communes et bien connues commes les marguerites, les tournesols, les verges d’or, les chardons et les pissenlits. Comme d’autres plantes de cette famille, l’aster du golfe Saint-Laurent produit des fleurs regroupées en “têtes” qui semblent être une seule fleur mais qui sont en fait une grappe densément groupée de petites fleurs. Chez l’aster du golfe Saint-Laurent, ces têtes ressemblent à une pétale. Contrairement à de nombreuses autres plantes de la famille des asters, l’aster du golfe Saint-Laurent n’est pas très voyant. Il peut atteindre une taille de plus de 20 cm, mais la hauteur moyenne de toutes les plantes d’une parcelle sera souvent inférieure à 5 cm. Dans l’ensemble, il s’agit d’une espèce facile à manquer, à moins de savoir exactement ce qu’il faut rechercher.

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2. Qu’est-ce qui est unique de l’aster du golfe Saint-Laurent?

Cette espèce est endémique au sud du golfe du Saint-Laurent (c’est-à-dire qu’on ne la trouve que dans cette région et nulle part ailleurs dans le monde). On ne la connaît que dans une poignée de sites aux Îles-de-la-Madeleine, sur la côte nord de l’Île-du-Prince-Édouard et le long de la côte est du Nouveau-Brunswick. L’aster du golfe Saint-Laurent est l’une des plantes à avoir évolué dans cette région il y a environ 10 000 ans, à l’époque où les glaciers reculaient et où la végétation reconquérait progressivement un paysage stérile. Très peu de plantes partage cette histoire. Dans toute son aire de répartition, il partage souvent ses habitats avec plusieurs autres espèces rares et sensibles dans la province.

3. Où pousse l’aster du golfe Saint-Laurent?

Elle pousse dans les terres humides côtières, le plus souvent sur les rives de ce que l’on appelle régionalement les “étangs de barachois”. Ces étangs de barachois consistent en des lagunes partiellement ou totalement abritées de l’océan par une dune. L’aster du golfe Saint-Laurent peut tolérer une certaine exposition au sel mais ne peut pas pousser dans des conditions aussi salées que l’eau de mer. On le trouve généralement dans des zones où la salinité est légèrement abaissée par l’apport d’eau douce (par exemple, des ruisseaux) ou par les précipitations. Il n’entre pas très bien en concurrence avec d’autres végétation et pousse généralement dans des zones sablonneuses ou boueuses qui ont été dégagées par divers processus côtiers tels que les inondations, l’érosion, la perturbation par les vagues et l’affouillement par la glace.

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4. Quel rôle l’aster du golfe Saint-Laurent houe-t-il dans l’environnement? Pourquoi les gens devraient-ils s’intéresser à l’aster du golfe Saint-Laurent?

Ce sont des questions délicates qui reviennent souvent lorsqu’on parle d’espèces en péril, surtout lorsqu’il s’agit d’espèces très rares. Les gens espèrent souvent une réponse claire et facile à ces questions, quelque chose incluant un rôle écologique clé qui maintient les écosystèmes et permet aux autres espèces de prospérer. Malheureusement, bon nombre de nos espèces les plus menacées sont mal connues. Il est plus difficile d’étudier les espèces extrêmement rares et, par conséquent, leurs relations avec les autres espèces et leur environnement ne sont pas bien connues. Le plus triste, c’est que nous parvenons parfois à comprendre le rôle écologique d’une espèce donnée qu’une fois que celle-ci a disparu et que nous commençons à remarquer d’autres changements résultant de sa disparition. En fin de compte, l’importance de l’aster du golfe Saint-Laurent se résume à une conviction philosophique qui est au cœur de la conservation de la biodiversité: chaque espèce a une importance intrinsèque et un droit à la survie. Le statut précaire de l’aster du golfe Saint-Laurent ne le rend pas nécessairement plus spécial qu’une autre espèce, mais il souligne le fait qu’il a vraiment besoin de nos soins et de notre attention pour survivre.

5. Quel est le statut de conservation de l’espèce? Pourquoi a-t-elle été désignée comme telle?

Le COSEPAC a désigné l’espèce comme étant préoccupante en 1989. Le comité a ensuite réévalué l’espèce en 2004, la désignant comme menacée. En 2005, l’espèce a également été ajoutée à la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral avec un statut légal d’espèce menacée. L’aster du golfe Saint-Laurent est considéré comme une espèce en péril parce qu’il n’occupe qu’une très petite superficie totale, que son abondance peut fluctuer considérablement d’une année à l’autres et que plusieurs sites de population ont été perdus en raison de graves tempêtes côtières et du développement. En outre, le changement climatique, l’élévation du niveau de la mer et les espèces végétales envahissantes représentent également des menaces existantes et potentiellement en croissance.

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6. Y a-t-il quelque chose qui est fait présentement pour aider l’aster du golfe Saint-Laurent?

Plusieurs groupes et personnes ont participé activement à la surveillance des habitats appropriés dans l’ensemble de l’aire de répartition de l’aster du golfe Saint-Laurent dans l’espoir de mieux comprendre sa répartition et de trouver de nouvelles populations. Parmi ces groupes, on compte le Centre de données sur la conservation du Canada atlantique, Parcs Canada, Nature NB et Attention FragÎles, pour n’en nommer que quelques-uns. Ces groupes, ainsi que divers chercheurs, ont travaillé fort pour surveiller l’état des populations connues au fil du temps. Divers chercheurs ont également étudié les besoins de croissance et l’écologie de l’espèce. Le parc national Kouchibouguac et le parc national de l’Île du Prince Édouard travaillent actuellement à la réintroduction active de l’espèce dans les sites historiques et à sa translocation dans de nouvelles régions. Ces efforts se font en collaboration avec l’Université de l’Île du Prince Édouard, où l’espèce est cultivée en serre. Les graines produites par la culture à l’université sont confiées au personnel de Parcs Canada, qui les introduit dans des sites d’habitat appropriés. À ce jour, ces efforts se sont avérés modérément efficaces pour établir des occurrences de l’espèce, bien que la création de populations autonomes nécessite l’introduction répétée de graines et dépende de processus écologiques naturels qui ne peuvent être contrôlés. Si l’habitat n’est plus adapté, aucun ensemencement ne pourra ramener l’espèce sur un site.

7. Qu’est-ce qui vous a poussé à centrer votre travail sur les plantes?

Lorsque je débutais en tant que biologiste de terrain, j’ai commencé par travailler sur les oiseaux chanteurs, mais je me suis rapidement tourné vers les plantes. J’ai été frappé par le fait que les plantes sont le pilier de la vie et la base de presque toutes les chaînes alimentaires sur terre, et pourtant, beaucoup d’entre nous n’y pensent pas vraiment. J’ai progressivement acquis des connaissances et de l’expérience en occupant divers emplois de botaniste de terrain et j’ai fini par en faire mon métier. J’ai toujours été animée par la curiosité et l’amour de l’apprentissage et travailler avec les plantes est idéal pour quelqu’un comme moi. Notre flore est merveilleusement diversifiée; toute une vie de découvertes attend ceux qui sont prêts à regarder de plus près les plantes qui nous entourent.

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Pour en savoir plus sur l’aster du golfe Saint-Laurent, vous pouvez consulter les articles suivants:

Pour en savoir plus sur les plantes en péril au Nouveau-Brunswick, consultez le registre public des espèces en péril du gouvernement du Nouveau-Brunswick.

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