fbpx

Risques pour la santé etchangements climatiques

Par: Dr James P. Goltz

13 AOÛT 2018 — Les changements climatiques poseront sans aucun doute des risques pour la santé des humains et des animaux, car les expériences et les observations confirment déjà les prévisions établies au moyen d’exercices de prévision et de la modélisation des changements climatiques. Les principaux risques pour la santé associés à ces changements seront vraisemblablement les problèmes physiques (p. ex., hyperthermie ou hypothermie occasionnée par les températures extrêmes; blessures traumatiques causées par les évènements météorologiques extrêmes comme les inondations, le vent et les tempêtes; problèmes cardiorespiratoires attribuables aux allergènes et au smog) et les maladies infectieuses, surtout les maladies transmises par des vecteurs arthropodes ou celles résultant de la contamination de l’eau à la suite d’une chute de pluie intense ou de la contamination de la nourriture par temps chaud (ASPC, 2017).

Les vecteurs de maladie sont des organismes qui transmettent une maladie d’un organisme vivant à un autre. En ce qui concerne les changements climatiques, les arthropodes vecteurs de maladie les plus préoccupants pour l’être humain sont les moustiques et les tiques. Ces arthropodes vecteurs et les maladies qu’ils risquent de porter se propageront probablement vers le pôle au fur et à mesure que le climat se réchauffera dans les zones tempérées. Il est plus probable également que les maladies tropicales et subtropicales soient introduites et s’établissent dans les zones qui sont actuellement tempérées. Les températures qui se réchauffent et persistent feront aussi augmenter la probabilité d’une propagation de vecteurs et de maladies transmises par vecteur à la suite d’une migration humaine accrue découlant des changements climatiques, ainsi que la probabilité de survie de ces vecteurs tout au long de l’année et de leur multiplication dans de nouvelles zones. Enfin, de nouvelles variantes génétiques des pathogènes à transmission vectorielle verront probablement le jour et s’établiront au fur et à mesure que la dynamique entre les espèces animales hôtes et les vecteurs changeront dans les nouveaux environnements (Ogden et Lindsay, 2016).

Les changements climatiques auront probablement une incidence, quoique légèrement différente, sur les populations de tiques et de moustiques également (de même que sur les maladies dont ils sont porteurs). Les moustiques sont très mobiles, peuvent être dispersés par le vent et l’air, ont un court cycle de vie (quelques semaines) et peuvent réagir rapidement aux changements météorologiques et climatiques à court terme. Le nombre de moustiques peut exploser à la suite de chutes de pluie et de températures chaudes, ce qui donne lieu à l’apparition et à la réapparition d’épidémies des maladies que ces bestioles peuvent transmettre (p. ex., virus du Nil occidental et encéphalite équine de l’Est). Les tiques, quant à elles, dépendent de la dispersion par des hôtes mammaliens et aviaires. Leur cycle de vie dure plusieurs années, elles ont tendance à être généralistes en ce qui a trait à leurs hôtes et à un habitat boisé adéquat, et elles passent la majeure partie de leur vie dans des habitats refuges. Les populations de tiques ne réagissent pas rapidement aux chutes de pluie et à la température en raison de leur long cycle de vie; le risque de maladies véhiculées par tiques varie donc habituellement à long terme, sans trop de fluctuation d’une année à l’autre (Ogden et Lindsay, 2016).

Parmi les arthropodes vecteurs et leurs maladies, certains sont plus à craindre pour nous au fur et à mesure que le climat change. Le moustique tigre (Aedes albopictus) s’est propagé depuis l’Asie vers tous les continents sauf l’Antarctique, se reproduit dans des contenants abrités (p. ex., l’eau qui s’accumule dans les réservoirs d’eau, les pneus, les bouteilles ou les contenants d’aquaponie) et peut transmettre au moins 11 maladies différentes, y compris la dengue, le virus du Nil occidental, le chikungunya, l’encéphalite japonaise et l’encéphalite équine de l’Est. La stégomyie (Aedes aegypti) s’est propagée depuis l’Afrique pour s’établir dans les zones tropicales et subtropicales du monde entier. Elle prospère dans les zones de cohabitation avec les humains, où elle utilise des contenants artificiels pour sa reproduction. Elle peut transmettre des maladies comme la fièvre jaune, la dengue, le Zika et le chikungunya (CCNMI, 2017). De petites flambées sporadiques de malaria ont été transmises par des espèces locales de moustiques anophèles à New York et au New Jersey dans les années 1990; la malaria est responsable de près de 500 000 décès survenus à l’échelle planétaire en 2015 (OMS, 2017). La tique aux pattes noires (Ixodes scapularis) peut transmettre la maladie de Lyme, plusieurs autres borrélioses analogues à la maladie de Lyme, l’anaplasmose granulocytique humaine et la babésiose. Chaque année, cette espèce de tique est dispersée partout au Nouveau-Brunswick par des oiseaux migrateurs, mais le plus grand risque d’exposition aux tiques aux pattes noires et aux maladies qu’elles portent se trouve actuellement dans les environs de Saint John, Grand Manan et St. Stephen. La tique américaine du chien (Dermacentor variabilis) peut transmettre la fièvre pourprée des montagnes Rocheuses,
l’ehrlichiose et la tularémie. Déjà bien établie en Nouvelle-Écosse et dans le sud du Maine, cette espèce de tique est de plus en plus souvent signalée au Nouveau-Brunswick.

Les meilleurs outils et stratégies pour prévenir les problèmes de santé associés aux changements climatiques sont les connaissances, la sensibilisation (y compris la prévention des morsures d’arthropode), la surveillance et l’action collective par les citoyens, les municipalités, les provinces et les pays du monde entier en vue de réduire les risques de changements climatiques.

 

Références :
ASPC (2017). http://www.phac-aspc.gc.ca/hp-ps/eph-esp/fs-fi-a-fra.php
N.H. Ogden et L.R. Lindsay, « Effects of Climate and Climate Change on Vectors and Vector-Borne Diseases: Ticks Are
Different », Trends in Parasitology, 32 (8), p. 646-656 (2016).
CCNMI (2017). https://ccnmi.ca/publications/court-survol-de-documentation-portant-effets-changements-climatiquesmaladies-vehiculees-moustiques-canada/
OMS (2017). http://www.who.int/bulletin/archives/78%289%291136.pdf
Information sur l’auteur :
James P. Goltz, PhD, Fredericton, marph@nbnet.nb.ca

Laisser un commentaire

Retour en haut